Page 42 - Un prince & des légendes
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À gauche
                                                                                                            Julien Rodriguez
                                                                                                    embrassant Ludovic Giuly.
                                                                                                               Ludovic Giuly
                                                                                                         retirant son maillot
                                                                                                     après son deuxième but.
                                                                                                                 Ci-contre
                                                                                                               Ludovic Giuly
                                                                                                           sur les épaules de
                                                                                                            Julien Rodriguez
                                                                                                            en fin de match.












            ne fais jamais ! J’ai tout lâché. Extrait
            EN PLEINE EUPHORIE                                                         JULIEN M’A PIQUÉ


            J’ai eu deux phases autour de ce match.  Après mon but, je demande à Nando si   Début janvier, on est largement en tête
                                                  on est qualifiés avec ce score. Tout se   de la L1 avec dix points d’avance sur
            La première, c’est la veille de la ren-
            contre. Je me suis mis une pression   bouscule dans ma tête. Je ne peux plus   Lyon. Mais je me pète le quatrième
            comme jamais. Je n’ai presque pas     faire les calculs… Il me dit oui, mais je   métatarse contre le PSG. Je fais piqûre
            dormi. Je n’avais jamais joué encore   ne le crois pas ! Je suis persuadé qu’il   sur piqûre. J’ai trop mal. On va à Mos-
            un match aussi important. Tous mes    faut en marquer un quatrième.  Pen-  cou, pour un huitième de finale de la
            rituels n’étaient pas bons. Mais j’étais   dant cinq minutes, je suis perdu… Je   C1, on rate notre match. On perd peu
            capitaine. Je ne devais rien laisser   redemande confirmation à Ibarra mais   après face à Strasbourg. Lyon remonte
            transparaître.                        je ne comprends rien à son espagnol.   au classement.
                                                  Édouard (Cissé) me crie alors : « C’est   Didier Deschamps fait alors une réu-
            La deuxième phase, c’est  après mon   bon ! » Mais on a serré les fesses
            deuxième but. Là, je ne m’appartiens   jusqu’au bout.                      nion. Et Julien prend la parole et me
            plus ! Je suis dans un état second, en                                     descend :
            pleine euphorie. Quand je marque,     Didier Deschamps me fait sortir à une   « Ludo, tu nous prends pour des cons !
            j’enlève mon maillot. Un geste que je   dizaine de minutes avant la fin. C’était   Tu fais exprès de ne pas revenir. Tu ne
                                                  un deal entre nous. Il me disait de   fais aucun effort… » J’étais sur le cul.
                                                  tout donner et quand j’étais cuit, il me
                   e
            À la 66  minute, je me demande en-    sortait. Ça s’est ensuite passé souvent   Ça m’a vexé. Il m’a piqué !
            core ce que je fous à cet endroit…    comme ça avec mes autres coaches.    C’était trois semaines avant le Real. Et
            Ibarra frappe. Il foire son tir. Le bal-  Ces bouts de matchs économisés m’ont   quand je marque mon second but, tout
            lon arrive sur moi. Je ne calcule pas. Je   fait gagner deux ans de carrière !  sort ! Je voulais lui montrer qu’il avait
            profite de sa puissance pour tenter un                                     tort  de  douter  de  moi,  que  je  n’étais
            geste inhabituel. Et je déclenche cette   Les Madrilènes restent menaçants. Il y   pas à Monaco pour faire le beau !
            talonnade qui passe entre les jambes   a un but de Raúl refusé pour hors-jeu   Julien a dû se sentir un peu bête sur
            de Helguera. C’est instinctif. Même   et il loupe une occasion derrière. On   ce  coup.  Quand  je  marque,  il  vient
            Casillas est surpris par ce mouvement   a également deux poteaux par Nonda   me féliciter. Je lui crie : « Qu’est-ce
            spontané.                             et Adebayor. C’était vraiment un très
                                                  grand match à tous les niveaux.      que tu as à dire là ? Tu me caresses
            Cette Madjer est un des plus beaux et                                      maintenant ! » Puis il me prend sur
            des plus importants buts de ma car-   Juste  après  le  coup  de  sifflet  final,   ses épaules. J’avais l’écharpe du club
            rière. Il vient de nulle part !       Julien Rodriguez me monte sur ses    enroulée à mon poignet et un drapeau
                                                  épaules pour un tour d’honneur. Il sait   dans l’autre main. On a communié
                                                  pourquoi il fait ça… Il m’avait chauffé   comme jamais avec nos supporters.
                                                  quelques semaines avant !

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